La technologie au service du développement : La voie de l'excellence éducative en Sierra Leone

Au cœur de la Sierra Leone, une transformation remarquable est en train de prendre forme. Il ne s'agit pas d'une renaissance née d'un conflit, mais plutôt d'une initiative calculée et ciblée visant à surmonter les barrières éducatives et les inefficacités profondément enracinées dans le pays.

Tranquillement et régulièrement, cette transformation axée sur la technologie marque un tournant, annonçant une nouvelle ère axée sur l'amélioration de l'accès à l'éducation et de la qualité de l'enseignement, répondant ainsi à l'un des défis les plus urgents de la nation.

Située sur la côte sud-ouest de l'Afrique de l'Ouest, la Sierra Leone compte plus de sept millions d'habitants confrontés à de nombreux défis, dont le principal est un taux élevé d'analphabétisme chez les adultes. Selon le rapport 2021 de l'UNICEF, plus de 57 % des habitants âgés de 15 ans et plus ne savent ni lire ni écrire.

Ces problèmes sont encore plus aigus dans les zones rurales où les écoles manquent d'installations, d'enseignants qualifiés et de matériel essentiel. Les normes sociétales et les difficultés économiques aggravent encore ces problèmes, ce qui se traduit par des taux d'abandon scolaire plus élevés, en particulier chez les filles, souvent en raison de la pauvreté, d'un mariage précoce ou d'une grossesse.

En 2018, le gouvernement de la Sierra Leone a affecté un pourcentage sans précédent de 22 % du budget national à l'éducation. L'année suivante, la politique nationale d'inclusion radicale dans les écoles a été annoncée, ce qui a entraîné une augmentation de 33,9 % des inscriptions scolaires en une seule année.

"Cependant, cette augmentation rapide des inscriptions a mis en lumière une question essentielle", a fait remarquer Hannah Graham, directrice générale de CGA Technologies, une organisation de Corus qui utilise la technologie pour le développement humain. 

"L'absence d'un système de données complet permettant de collecter des informations essentielles sur les enseignants, les élèves et leurs besoins spécifiques a posé des problèmes importants pour évaluer et gérer efficacement les résultats de ces initiatives éducatives", a ajouté M. Graham.

La solution a pris la forme d'un outil de suivi scolaire simple, mais très efficace, appelé Wi De Ya ("Nous sommes ici" en krio). Lancée en avril 2023, l'application a d'abord été déployée dans 300 écoles primaires de 16 districts, soit 107 000 élèves.

L'application, développée par CGA Technologies et commandée par les autorités locales, a été préchargée avec des données provenant de dossiers gouvernementaux existants et conçue pour rationaliser l'administration des écoles. Dès son lancement, les chefs d'établissement ont été chargés d'enregistrer les informations relatives aux enseignants et aux élèves et de suivre les présences quotidiennes. Les données sont ensuite téléchargées et mises à disposition en ligne par le biais d'une série de tableaux de bord et de graphiques générés automatiquement et destinés à être analysés par les responsables de l'éducation.

Ces données leur permettent de prendre des décisions éclairées concernant l'allocation du budget, le déploiement des enseignants, les besoins des apprenants et les ajustements nécessaires pour renforcer l'impact de la nouvelle stratégie.

Trois mois après son lancement, l'application a fourni des informations qui se sont avérées cruciales pour les autorités afin de faciliter la mise en œuvre réussie de leur nouvelle initiative en matière d'éducation. Les chiffres clés sont les suivants :

• Dans les écoles participant au programme Wi De Ya, 51 % des enseignants rémunérés étaient absents de l'école qui leur avait été assignée, même s'ils restaient rémunérés, et 1 169 enseignants ont été transférés dans d'autres écoles sans l'autorisation nécessaire.
• 43 % des enseignants du primaire, dont 11 % des chefs d'établissement, ne figuraient pas sur les listes de paie du gouvernement, ce qui a suscité des interrogations sur leurs qualifications et leur capacité à dispenser un enseignement de qualité et à assurer la protection des enfants.
• Le taux de présence des enseignants était en moyenne de 75 %, et celui des élèves de 80 %. Il est à noter que le taux de présence des apprenantes enceintes était nettement inférieur, avec seulement 52 %.

Dans un pays où 101 filles sur 1 000 âgées de 15 à 19 ans donnent naissance à un enfant, ce qui entraîne souvent un nombre massif d'abandons scolaires non déclarés, les statistiques ont mis en évidence plusieurs domaines clés soulignant l'importance des données pour des ajustements budgétaires et politiques cruciaux.

"Cette révélation a changé la donne", a déclaré M. Graham. "Ce qui est mesuré est géré.

En outre, le simple fait d'être surveillé a permis de réduire considérablement l'absentéisme dans les écoles. Depuis le lancement de l'application, 96 % des écoles du système Wi De Ya ont fait état d'une amélioration de l'assiduité des enseignants, tandis que 90 % ont observé une amélioration de la ponctualité et de l'assiduité des élèves.

Actuellement, des plans sont en cours pour déployer l'application à l'échelle nationale, englobant les 4 500 écoles primaires publiques. Outre l'amélioration de l'assiduité, l'application pourrait être développée pour inclure le suivi des examens et des progrès scolaires.

CGA Technologies a fait ses preuves en aidant les gouvernements à atteindre leurs objectifs en matière d'éducation grâce à l'utilisation de technologies innovantes pour le développement. Dans le cadre d'une initiative comparable menée entre 2014 et 2020, le taux de scolarisation au Sud-Soudan a triplé, celui des filles passant de moins de 40 % à plus de 49 %.

Les premières indications montrent que Wi De Ya a un effet positif similaire en Sierra Leone. "Les résultats sont tangibles", a déclaré Conrad Sackey, ministre de l'éducation de la Sierra Leone. 

Plus largement, cette transformation sert de modèle pour l'utilisation réussie de la technologie au service du développement dans divers domaines et secteurs confrontés à des problèmes de transparence et de productivité, non seulement en Sierra Leone, mais aussi dans le monde entier.

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Cet article a été publié à l'origine sur le blog d'InterAction blog d'InterAction le 12 juin 2024.

Le ministre de l'éducation de la Sierra Leone, Conrad Sackey, a parlé du programme Wi De Ya à Africa Here & Now le 10 juillet 2024 au sujet du programme Wi De Ya. Son interview commence à 31:41.